Selon l’indice entrepreneurial du Québec, un entrepreneur sur 4 est un.e entrepreneur.e immigrant.e. Est-ce, selon-vous, la conséquence d’un choix ou d’une contrainte ? Est-ce le fruit d’un esprit particulier qui caractérise les immigrants ou est-ce dû à une difficulté d’accès à l’emploi ? Globalement, la tendance générale montre en 2019 un intérêt pour l’entrepreneuriat qui reste très fort au Québec.
Après s’être fixé à un niveau particulièrement élevé (21 %) en 2016 et 2017, le taux d’intentions a baissé à 19,5 % en 2018, avant de légèrement augmenter à 20,4 % en 2019.
Des intentions entrepreneuriales en forte progression auprès des individus de 35 à 49 ans dotés d’une expérience confirmée (de 26,2 % en 2018 à 31,8 % en 2019). Également pour le groupe des 50 à 64 ans (de 11,5 % à 16,1 %). Même si les intentions d’entreprendre des immigrants restent globalement élevées (2 fois supérieures à celles des individus nés au Canada), on note toutefois une baisse chez les femmes immigrantes (de 39,8 % en 2018 à 34,3 % en 2019) et chez les jeunes (de 36,9 % en 2018 à 30,8 % en 2019) qui pourrait s’expliquer par la vigueur du marché du travail, sans pour autant en déduire une baisse de l’intérêt envers l’entrepreneuriat.
Les immigrants mentionnent une propension à prendre des risques supérieure à celle des natifs, qui ont en moyenne une meilleure perception de leur auto efficacité (compétences, connaissances, compréhension du monde des affaires, etc.) possiblement renforcée par leur décision et expérience d’immigration.
Les personnes immigrantes bénéficient d’un bagage multiculturel avec la possibilité de transférer des idées d’affaires d’un pays à l’autre. Ils présentent aussi un taux d’études supérieures deux fois plus élevé que chez les personnes nées au Canada, et des attentes également plus hautes quant à leur réussite économique. Toutefois, les immigrants rencontrent des obstacles qui retardent le début des démarches, le manque d’argent est le plus souvent mentionné, facteur le plus important pour 54,7 % des répondants. Les enfants à charge sont surtout un frein pour les 35 à 49 ans.
En ce qui concerne les motivations, l’accomplissement personnel, la réalisation d’un rêve ou d’une passion reste la première motivation des personnes ayant l’intention de lancer une entreprise. Le désir d’être en contrôle de sa vie et le besoin d’indépendance suivent. En ce qui concerne les motivations financières, la « nécessité d’augmenter ses revenus » arrive en tête (4,08), suivie par le « besoin d’avoir un revenu suffisant pour survivre » et de « gagner beaucoup d’argent ».
Au-delà des intentions, globalement, les taux de démarches pour les immigrants restent en 2019, comme pour les années précédentes, nettement supérieurs à ceux des natifs (près du double !).
Parmi les immigrants, le taux de propriétaires a diminué significativement en 2019 (6,8 % par rapport à 9,4 % en 2018). Cela pourrait s’expliquer par le fait que les immigrants peuvent choisir l’entrepreneuriat comme porte d’accès au marché du travail, surtout à leur arrivée au Québec, pour ensuite privilégier un nouvel emploi. On peut dire qu’il y a pour les immigrants un entrepreneuriat de nécessité (entreprendre par dépit, faute d’avoir trouvé LE bon emploi).
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