Au début du XIXe siècle, la prédominance paysanne et rurale, fait que les agriculteurs exploitants, les artisans et petits commerçants forment la majorité des travailleurs.
C’est au XXème siècle que le salariat devient la modalité dominante du travail, incarnée par le contrat de travail.
Au cours de l’ère industrielle du XXe siècle, le salariat, basé sur le modèle de la liberté et du contrat, va concerner la très grande majorité des actifs qui vont bénéficier d'un niveau de protection et de considération sans précédent.
Cette transition d’une économie agricole et rurale, atomisée vers une économie industrielle et de services (finance, distribution, etc.), urbaine et centralisée, va se traduire par une profonde transformation du monde du travail, voyant ces mêmes ouvriers agricoles, artisans, commerçants et autres professions libérales, devenir des ouvriers d’industrie, des employés et des cadres au service d'entreprises de plus en plus grandes.
C’est après la seconde guerre mondiale que l’on assiste alors à une généralisation du salariat.
Toutefois, la montée historique du salariat semble à présent freinée, comme si elle approchait de son terme.
Dans les années 80, le travail indépendant est, dans un certain nombre de cas, un signe d'adaptation à la crise, traduisant la seule solution pour échapper au chômage ou à la contrainte d’accepter des emplois inadaptés à leurs compétences ou aspirations.
L’« ébranlement » de la société salariale qui s'est traduit ces dernières années par l'émergence de nouvelles formes d'emploi salarié moins stables, et moins sécuritaires, a provoqué un certain nombre de prises de conscience de la part des salariés :
L’employabilité est bien de disposer à tout moment de compétences « bankable»,
Que le « pacte social » en leur mettant à disposition les formations requises n’est pas toujours respecté,
Que leur salaire est trop souvent la variable d’ajustement rapidement activable pour des questions de rentabilité à court terme,
Qu’ils sont trop souvent enfermés dans des tâches dénuées de sens,
Et que la financiarisation de l’économie empêche trop souvent les entreprises de répondre de manière crédible à leurs aspirations.
Puis intervient la transformation numérique, rendant caduque ou modifiant en profondeur bon nombre de postes.
Incertitude, manque de sens, remise en question perpétuelle sont les sentiments qui rythment la vie d’un salarié du XXIème siècle... et les «Chief Happyness Officers» n’y changeront rien...
Vient alors la question existentielle :
“Comment redevenir maître de mon destin tout en répondant à mes propres aspirations ?
Certains entrevoient alors le retour au travail indépendant, à l'entrepreneuriat comme une «sortie par le haut». Au Québec, une très large majorité d’entre eux (plus de 80%) se lance en parallèle de leur emploi, ce sont les entrepreneurs hybrides.
Exhumant les idées et envies enfouies dans leur esprit, ils transcendent bien souvent cette pauvre « finalité » égoïste de devenir « riche » à court terme, encensée par une certaine culture Start-up, pour bâtir dans la durée des projets plus altruistes au bénéfice du plus grand nombre.
Cette tendance lourde est largement portée par la génération des «millennials» , génération bien souvent incomprise et parfois même décriée.
Mais, ne l’oublions pas, ils sont nos enfants; et si nous avons bien fait notre travail de parents, ils peuvent incarner le meilleur de nous-mêmes !
Sources :
Salariat et non-salariat dans une perspective historique - Persée (persee.fr)
Rapport du GEM :Consultez le rapport complet du GEM 2018
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